Des centaines de milliers de Palestiniens fuyaient jeudi le secteur de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où l'armée israélienne entend s'emparer de nouveaux territoires pour établir ce qu'elle présente comme une "zone de sécurité".
Selon le ministère de la Santé de Gaza, au moins 97 Palestiniens ont été tués au cours des dernières 24 heures, dont une vingtaine dans une frappe aérienne menée à l'aube à Chedjaïa, un quartier périphérique de la ville de Gaza.
Israël a annoncé mercredi son intention de prendre le contrôle de davantage de territoires dans l'enclave palestinienne pour élargir les "zones de sécurité" que le gouvernement de Benjamin Netanyahu a décrétées après avoir rompu le mois dernier l'accord de cessez-le-feu avec le Hamas entré en vigueur en début d'année.
Au lendemain de cette annonce, les soldats israéliens sont entrés dans les ruines de Rafah, où une grande partie des habitants de Gaza avaient trouvé refuge quand les combats se concentraient dans les autres secteurs de l'enclave.
"Rafah est en train d'être anéantie", a dit à Reuters un habitant, contacté par messagerie. "Ils (les Israéliens) détruisent les derniers bâtiments", a ajouté ce père de sept enfants, qui s'est réfugié dans la ville voisine de Khan Younès.
Selon les habitants, Rafah s'est vidée après l'ordre d'évacuation émis par l'armée israélienne et les bombardements menés mercredi et jeudi dans la ville.
Benjamin Netanyahu a ordonné à ses troupes de prendre le contrôle de ce qu'il a appelé le "corridor de Morag", du nom d'une ancienne colonie de peuplement juive, à l'époque de l'occupation israélienne, située entre les villes de Rafah et Khan Younès.
La prise de Rafah marque une escalade spectaculaire du conflit et pose la question de l'avenir de ces territoires transformés en "zones de sécurité", dont Israël n'a pas dit ce qu'il entendait faire.
Les opérations militaires israéliennes restreignent par ailleurs considérablement les déplacements à l'intérieur de la bande de Gaza. Selon des témoins, l'axe Rafah-Khan Younès a été coupé jeudi par une frappe israélienne.
La circulation dans la zone côtière, près de Morag, est également rendue périlleuse par les bombardements, ont dit des habitants.
Les habitants qui ont fui Rafah disent leur inquiétude pour ceux qui sont restés, notamment des agriculteurs qui tentent de sauver leurs récoltes alors qu'Israël empêche depuis la rupture du cessez-le-feu l'entrée d'aide humanitaire et de nourriture dans l'enclave.
"Certains sont restés (à Rafah) parce qu'ils ne savent pas où aller ou parce qu'ils en ont assez d'être déplacés sans arrêt. Nous avons peur qu'ils soient tués ou, dans le meilleur des cas, arrêtés", a témoigné Bassem, qui n'a pas souhaité donner son nom complet.
(Rédigé par Nidal al-Mughrabi au Caire, avec Hatem Khaled à Gaza ; version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)
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